Faille de Voreppe

18 avril 2011 avec   D Fournier

Départ de Voreppe

1 - montée en direction de la Placette. Arrêt n°1 dans la première épingle de la route et montée à la petite chapelle toute proche.
Celle-ci se trouve sur une dalle Ur qui redouble celle juste en face de la montagne du Ratz. Son caractère récital atteste de sa formation à faible profondeur.
Ce  redoublement est dû à la faille de la Balme qui a provoqué un abaissement du compartiment où nous nous trouvons combiné avec un coulissement dextre.
La vallée de la Placette est sans cours d’eau, ceci s’explique par sa formation due à une langue du glacier de l’Isère.
En face, les rochers de Chalves sont en calcaire du Fontanil et l’aiguille de Chalais en tithonique (voir schéma). La faille de la Balme est en avant par rapport au schéma.
La faille de Voreppe est la limite entre le Ratz qui est un chaînon jurassien et la Chartreuse alpine.
Les pierres d’angle de la chapelle sont de molasse à grain fin d’un gris un peu verdâtre : cette couleur due à la glauconie est caractéristique et représentative du milieu d’origine marin. On trouve aussi quelques galets perforés, c’est l’œuvre d’animaux marins lithophages.

2 – arrêt plus haut avec bord de route de molasse à la sortie d’un virage.
Dans la vallée au-dessus de Voreppe, présence de 6 à 700m d’épaisseur de molasse conglomératique du miocène. Le schéma présenté par D Fournier montre la stratigraphie du miocène dans cette vallée.
Dans les dépôts du miocène de cette vallée, l'aquitainien et le burdigalien inf ne sont pas représentés 
Le burdigalien sup est représenté à La Monta, c'est un milieu marin de bord de cote.
A La Placette, nous sommes en présence de dépôts continentaux (en face de nous). Par ailleurs, le pendage des couches nous situe au début de la remontée du synclinal vers le Ratz.
Le langhien est un mélange de sables et de molasse, présence de dents de requins.

En partie basse de l'affleurement en bord de route, des boules sont visibles. Ces boules sont des galets, qui alors qu’ils étaient en cours de formation à la surface des sédiments ont dévalé la pente et se sont accumulés dans un point bas et solidifiés. Ces galets sont appelés des slumps balls
.
3 – Pommier
Nous sommes en face de l'aiguille de Chalais. En bas de la vallée, une falaise importante a été creusée par la Roize
La discordance visible n'est qu'un effet d'optique. Cette falaise a été taillée par la Roize dans des conglomérats du Serravallien, le pendage oblique prouve que l'on est en présence de dépôts deltaïques. Au dessus et au dessous de ces couches obliques, des couches de lignite ont été exploitées jusqu'à la guerre de 14/18.  Nous sommes en présence d'un immense delta, un Gilbert delta, ces immenses deltas se sont mis en place en milieu marin et certainement dans de grands canyons sous marins. Les plus grands de ces Gilbert Deltas se sont formés lors de la remise en eau de la Méditerranée (Perpignan).
Précisions trouvées sur le net :
Un Gilbert-delta présente classiquement trois parties :
- au sommet (à proximité de l'arrivée des matériaux détritiques dans le bassin), des topsets à éléments grossiers (graviers, blocs), stratification confuse mais globalement horizontale, parfois quelques chenaux
- vers le large, une zone en pente à matériaux plus fins (sables...), à stratification inclinée mieux marquée - les dépôts progradent (avancent) vers le large, on parle de foresets (= dépôts du front de delta)
- encore plus au large, les sédiments deviennent de plus en plus fins (argiles de décantation p.ex.), la stratification redevient horizontale et souvent très nette (lamines...) ; ce sont les dépôts dits bottomsets (= dépôts de base, ou de fond)


On voit que ce découpage en trois parties se fait à la fois d'après la géométrie des dépôts (stratification marquée ou non, inclinée ou horiz...) et la variation de granulométrie (dûe à l'hydrodynamisme de plus en plus faible, le flux détritique se "noie" dans le bassin plus il va vers le large).

Et comme le delta avance - du moins, tant qu'il est nourri en sédiments par les cours d'eau -, cette succession "horizontale" des 3 parties à un instant t donne naissance, au fur et à mesure, à un empilement "vertical" de ces 3 parties. Lequel empilement se décale de plus en plus vers le large.

Le lignite, très compact a été daté de 13/14Ma pour la couche à la base, 11Ma pour la couche du dessus. L'ensemble de cette formation deltaïque s'est mis en place à l'occasion d'un enfoncement du plancher marin à l'occasion de la surrection des Alpes (bassin avant chaîne).
Depuis une clairière sur le chemin allant de Pommier au couvent de Chalais, la forme du vallon au nord de l'aiguille de Chalais est bien visible, il a été creusé par les eaux de fonte du glacier. Le maximum atteint par le Würm a laissé une trace morainique prés du couvent au dessus de cette vallée.

4 – Faille de Voreppe.
Il y a très peu de lieux où elle est visible, c'est le cas dans le lit de la Roize, plus loin sur ce même chemin.
Au-dessus de la faille, conglomérat très fracturé et remodelé ; en dessous, bancs calcaires  du jurassique inf.

5 – au-dessus de Layat .
Vue sur la Grande Sure, elle domine une belle colline de molasse. En fait, le chevauchement de cette molasse par les barres calcaires est bien visible, la faille se trouve un peu en avant et on peut en avoir une idée en repérant les chicots calcaires qui sont plus avancés que les falaises.

Si on poursuit cette route, elle monte jusqu'à une sorte de dos d’âne qui est en fait le sommet de la moraine marquant le maximum atteint par le glacier du Würm.
Remarque importante : un thésard a fait récemment une étude poussée sur les positions attribuées aux glaciers du Rhône et de l'Isère. Le glacier du Rhône est descendu beaucoup moins bas vers le sud que ce qui se disait avant (Thierry et Gidon). Plusieurs langues glaciaires attribuées au glacier du Rhône au sud d'Annecy appartenaient en fait au glacier de l'Isère. Celui-ci a débordé vers l'W au niveau de Chambéry (D Fournier nous a envoyé les cartes de cette étude très récente de Sylvain Coutterand) et donné naissance à ces langues attribuées au glacier du Rhone.

LIEN pour télécharger le document de Sylvain Coutterand

 

Peu après la moraine, un arrêt nous permet de voir un beau lapiaz au pied de l'anticlinal du Ratz qui est en Ur .

Nous regagnons ensuite Comblevie en passant par les gorges de Bret qui correspondent à un ancien canyon sous glaciaire

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